Жан де Лафонтен. Байки французькою
La Cigale et la Fourmi (Кузнечик и муравей)
Le Loup et le Chien (Волк и собака)
Le Corbeau et le Renard (Ворона и лисица)
Le Loup et l’Agneau (Волк и ягненок)
1. La Cigale et la Fourmi
(Кузнечик и муравей)
La cigale ayant chante
Tout l’ete,
Se trouva fort depourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui preter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’a la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’aout, foi d’animal,
Interet et principal.
La Fourmi n’est pas preteuse,
C’est la son moindre defaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle a cette emprunteuse.
Nuit et jour a tout venant,
Je chantais, ne vous deplaise.
Vous chantiez ? j’en suis fort aise,
Eh bien! dansez maintenant.
2. Le Loup et le Chien
(Волк и собака)
Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau ;
Gras, poli, qui s’etait fourvoye par megarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eut fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille ;
Et le Matin etait de taille
A se defendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint qu’il admire :
Il ne tiendra qu’a vous, beau Sire,
D’etre aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont miserables,
Cancres, heres, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assure ; point de franche lippee ;
Tout a la pointe de l’epee.
Suivez-moi ; vous aurez bien un meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants batons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis ; a son Maitre complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les facons ;
Os de poulets, os de pigeons :
Sans parler de mainte caresse.
Le Loup deja se forge une felicite
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien pele.
Qu’est-ce la, lui dit-il ? Rien. Quoi rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attache
De ce que vous voyez est peut-etre la cause.
Attache ? dit le Loup, vous ne courez donc pas
Ou vous voulez ? Pas toujours ; mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte ;
Et ne voudrais pas meme a ce prix un tresor.
Cela dit, Maitre Loup s’enfuit, et court encore.
3. Le Corbeau et le Renard
(Ворона и лисица)
Maitre Corbeau sur un arbre perche,
Tenait en son bec un fromage.
Maitre Renard par l’odeur alleche
Lui tint a peu pres ce langage :
Et bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous etes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte a votre plumage,
Vous etes le Phenix des hotes de ces bois.
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie :
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux depens de celui qui l’ecoute.
Cette lecon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
4. Les deux Mulets
(Два мула)
Deux Mulets cheminaient ; l’un d’avoine charge :
L’autre portant l’argent de la Gabelle.
Celui-ci glorieux d’une charge si belle,
N’eut voulu pour beaucoup en etre soulage.
Il marchait d’un pas releve,
Et faisait sonner sa sonnette :
Quand l’ennemi se presentant,
Comme il en voulait a l’argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l’arrete.
Le Mulet en se defendant,
Se sent percer de coups, il gemit, il soupire.
Est-ce donc la, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce Mulet qui me suit, du danger se retire,
Et moi j’y tombe, et je peris.
Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi.
Si tu n’avais servi qu’un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.
5. Le Loup et l’Agneau
(Волк и ягненок)
La raison du plus fort est toujours la meilleure.
Nous l’allons montrer tout a l’heure.
Un Agneau se desalterait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient a jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras chatie de ta temerite.
Sire, repond l’Agneau, que votre Majeste
Ne se mette pas en colere ;
Mais plutot qu’elle considere
Que je me vas desalterant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’elle ;
Et que par consequent en aucune facon
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bete cruelle,
Et je sais que de moi tu medis l’an passe.
Comment l’aurais-je fait si je n’etais pas ne ?
Reprit l’Agneau, je tete encor ma mere,
Si ce n’est toi, c’est donc ton frere :
Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’epargnez guere,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge.
La-dessus au fond des forets
Le Loup l’emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de proces.